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Histoire

UN PEU D'HISTOIRE...

La vie avant la mine

Avant l'arrivée massive de main d'oeuvre étrangère venue travailler à la mine de Soumont Saint Quentin, Potigny était un petit village qui comptait à peine 250 âmes au début du XXe siècle.

manoir-potignyCependant, bien que considéré comme un bourg rural sans grande prétention Potigny possède dans son patrimoine l'église Notre-Dame du Rosaire qui fut construite au XIIIe siècle. Notons également la présence d'un manoir, malheureusement détruit en 1957. Ce manoir, érigé au XVIe siècle, était, avant la Révolution française, le siège d'une haute justice composée d'une salle d'audience, d'une chambre du conseil ainsi que d'une prison.

Par ailleurs, il faut souligner que jusqu'au début du XXe siècle, Potigny était une commune fortement ancrée dans la ruralité. La production céréalière et l'élevage y tenaient une très grande place. Nous savons en effet que sur les 423 hectares que représentent la superficie totale de la commune, pas moins de 213 étaient consacrés à la culture céréalière.

Un autre fait marquant à Potigny avant la création de la mine, était constitué par le passage dans le village d'un tramway. En effet, un projet de construction d'un tramway reliant Caen à Falaise était à l'étude depuis 1877. Déclaré d'utilité publique par décret en 1897, il allait permettre de désenclaver de nombreuses communes isolées. Après quelques années de travaux, ce tramway fut mis en service le 20 septembre 1902. Potigny fait donc partie des communes desservies par ce nouveau moyen de transport. Il est intéressant de noter qu'il ne fallait pas moins de 2 heures et 10 minutes pour se rendre à Caen (au lieu des 15 minutes aujourd'hui) et qu'il mettait un peu plus d'une heure pour aller à Falaise (distante de 9 km). Jusqu'à l'arrêt total de l'exploitation de cette ligne de tramway en 1933, Potigny a toujours porté beaucoup d'intérêt à ce moyen de transport, puisqu'il a permis de développer son activité économique mais également touristique.

Enfin, ce bourg rural paisible a vu sa vie et son destin bouleversés avec la création de la mine de Soumont Saint-Quentin en 1907.

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Naissance d'une cité minière

MineLa création de la Société des Mines de Soumont en 1907, va changer le visage de Potigny. La commune va en effet se métamophoser. Il va falloir accueillir et loger de nouveaux ouvriers. Rappelons, que dans les années 1900, Potigny comptait à peine 250 âmes. Elle n'avait donc pas les moyens matériels pour loger ces nouveaux arrivants. Le conseil municipal décide donc de la construction en 1908 de quelques maisons pour les besoins de la mine. Dès la même année, les premières bâtisses sortent de terre. La transformation de la commune a alors commencé, une cité minière est en train de naître.

Avec la naissance de cette mine de fer à Soumont Saint Quentin, le besoin de main d'œuvre est très important. Il faut donc engager massivement des ouvriers. Potigny et sa région étant des terres agricoles, il est apparu très difficile d'employer des personnes de la commune ou de la région.

La Société des Mines de Soumont a donc dû recruter dans un premier temps dans d'autres régions françaises. C'est ainsi que vont s'installer à Potigny des hommes et des femmes venant de toute la France mais aussi de l'étranger. En effet, les Belges, les Italiens et les Grecs sont les premiers travailleurs immigrés à être accueillis à Potigny. En 1910, 412 personnes ont été embauchées à la mine et c'est autant de personnes que la commune doit être en mesure de loger. Cependant, les conditions de travail étant extrêmement difficiles, beaucoup d'ouvriers arrêtent après quelques jours passés à la mine.

En 1914, la mine de Soumont emploie 229 étrangers pour 280 français et loge à Potigny environ mille personnes. Très vite, nous pouvons constater que la main d'oeuvre étrangère embauchée à la mine devient plus importante que la main d'oeuvre française.

Le début de la Première Guerre mondiale en 1914 aura un très fort impact sur le fonctionnement de la mine puisqu'un grand nombre d'ouvriers est mobilisé pour combattre. Par ailleurs, l'après guerre est une période de misère extrême. L'activité de la mine reprend peu à peu et il faut à nouveau recruter massivement. C'est à ce moment précis qu'arriva un très grand nombre de polonais à Potigny. La Grande Guerre a détruit le pays et son économie. La Pologne vit alors des heures très difficiles. L'exode vers la France pour y travailler s'impose pour beaucoup.

photos-mineTout au long des années 20, la mine fait venir en France des centaines de polonais. Si en 1924, « seulement » 116 polonais sont accueillis à Potigny, ils sont environ 600 en 1928.

Dans ce contexte de constante expansion de l'activité de la mine, Potigny s'affirme comme une cité minière très importante. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 1931, la commune compte 2742 habitants, soit environ dix fois plus qu'au début du siècle. Notons que parmi ces habitants 67,5 % d'entre eux sont étrangers.

Face à cette arrivée massive de nouveaux habitants, la commune doit s'équiper de nouvelles infrastructures. Il faut en effet une nouvelle école afin de pouvoir accueillir des enfants chaque année plus nombreux. C'est ainsi que voit le jour en 1929 un nouveau groupe scolaire, là où se trouve actuellement les locaux de la mairie.

Autre conséquence de cette évolution démographique, l'augmentation du nombre de commerces à Potigny. Des épiceries, des boucheries et de nombreux cafés vont s'installer un peu partout dans la commune. On ne compte pas moins de 34 débits de boissons en 1936 à Potigny. L'ouverture du cinéma « Le Normandy » en 1934 montre également que la commune jouit d'un fort dynamisme et d'une forte attractivité. Cependant, l'arrivée du téléviseur dans de nombreuses familles à la fin des années 50 complique les affaires du cinéma qui finira par fermer ses portes définitivement en 1970.

Alors que la crise économique des années 30 frappe durement la mine, les licenciements se multiplient et plonge la population dans un grande pauvreté. Puis la Seconde Guerre mondiale éclate et une nouvelle fois, de nombreux Potignais et ouvriers sont mobilisés. Très rapidement, la commune est occupée par l'armée allemande. Une longue période de pénurie et de misère débute alors. Mais le 6 juin 1944 marque le début de la fin d'un long calvaire. En effet, les alliés débarquent sur les côtes normandes et les combats s'intensifient. Dans ce contexte, les habitants de Potigny sont priés de quitter la commune avant le 25 juillet. L'exode se fait la plupart du temps à pied en direction du sud afin d'échapper aux bombardements et aux combats très rudes. La commune de Potigny est finalement libérée le 15 août par la Première Division Blindée polonaise, unité créée en Ecosse en 1942 et commandée par le Général Maczek.

Après la Libération, les Potignais rentrent petit à petit à partir de la fin du mois d'août et constatent que Potigny n'a pas trop souffert des combats et bombardements contrairement aux communes voisines. Le retour de la population et la fin de la guerre marquent un nouveau départ pour la commune. L'activité minière redémarre et les années 50 sont placées sous le signe de la croissance. Des dizaines de logements sont construits, le bourg se transforme avec de nombreuses constructions parmi lesquelles une gendarmerie, une école maternelle, des logements sociaux, une nouvelle mairie et une MJC. Notons qu'en 1960, la commune de Potigny atteint son record démographique avec près de 3000 habitants. Ceci explique cette importante transformation.

Pourtant, malgré cette époque où le travail ne manque pas, les mineurs montrent de plus en plus des signes de mécontentement. Le syndicalisme apparaît, les premières revendications naissent et les premières grèves aussi. La plus importante fut certainement celle organisée en 1968. Le conflit dure trois semaines et l'activité de la mine est paralysée.

mine-photoLes années 70 sont marquées par la modernisation des infrastructures de la mine de Soumont. Mais la sidérurgie traverse une grave crise et les difficultés se multiplient. En effet, le minerai étranger coûte beaucoup moins cher et les premières mines françaises ferment. La mine a dans ce contexte recourt au « chômage conjoncturel » dès la fin de l'année 1976. En 1982, la mine de Soumont passe sous le contrôle de l'Etat mais les difficultés persistent. Malgré la très forte mobilisation des ouvriers, la fermeture de la mine semble inéluctable.

Le 28 juillet 1989 marque la fin d'une aventure qui aura duré plus de 80 ans et permis de faire vivre des centaines de familles.

Après la fermeture de la mine, Potigny a entamé sa reconversion. L'enjeu était de taille et les difficultés nombreuses. Il fallait en effet à la fois stopper l'érosion démographique, écrire une nouvelle page de l'histoire de la ville et valoriser ce fabuleux patrimoine minier.

Trente ans après cette fermeture, la commune a su surmonter cette douloureuse page de son histoire et a pu se développer tout en conservant son identité minière. 

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La "Petite Varsovie"

maisons-minesL'histoire de Potigny est intimement liée à celle de la Pologne. L'arrivée massive d'immigrés polonais pendant l'entre deux guerres a profondément marqué la commune.

La Pologne après la Première Guerre mondiale se retrouve dans une situation économique désastreuse. Le territoire est dévasté, la misère est extrême et il n'y a pas de travail. Face à cette situation, la France, qui à la même période développe considérablement son industrie sidérurgique, a plus que jamais besoin de main d'oeuvre. Mais les ouvriers français ne se bousculent pas pour travailler dans les mines. Ils considèrent en effet ce travail indigne et trop difficile. C'est donc pour cela que les mines choisissent de faire appel aux étrangers. Ainsi, des centaines de milliers de Polonais (essentiellement des paysans, des ouvriers au chômage et des artisans) quittent le pays et viennent en France.

L'année 1924 sera celle où l'immigration polonaise s'intensifie réellement. Chaque année, jusqu'au début des années 30, des centaines de Polonais s'installeront dans la commune.

Entre 1924 et 1931, ce sont environ 3000 Polonais qui seront employés par la mine de Soumont. C'est à cette immigration massive venue de Pologne que Potigny doit son nom de « Petite Varsovie ». Mais la crise économique des années 30 ralentira considérablement l'arrivée de travailleurs polonais à Potigny. S'ils sont encore 382 à être embauchés en 1931, l'année suivante, ils ne seront plus que 21.

Une fois arrivés à Potigny, ces immigrés sont dirigés vers les nouveaux logements construits spécialement pour eux. Mais l'accueil par les habitants est parfois compliqué. En effet, une certaine partie de la population regrette rapidement la tranquillité dont jouissait auparavant la commune. Et d'une manière plus générale, tant la municipalité que les habitants n'avaient pas su évaluer à juste titre les changements structurels qu'allait provoquer cette immigration massive.

Par ailleurs, si les ouvriers polonais arrivent généralement seuls à Potigny, leurs femmes et leurs enfants ne tardent pas à les rejoindre. Ainsi, de nombreuses familles polonaises vont s'installer dans la commune. Suite à cela, toute une série de commerces et de structures diverses vont être créés pour répondre aux besoins des Polonais.

La création d'une école polonaise en est une bonne illustration. En effet, à partir de 1926, les enfants des ouvriers polonais pourront suivre des cours de polonais. Cette école permet aux enfants de conserver un lien avec la culture et la langue de leurs parents et seront donc scolarisés à la fois à l'école française et à l'école polonaise.

chapelle-polonaiseLa construction d'une chapelle polonaise en 1947 est également un exemple de cette volonté de conserver et de perpétuer les traditions polonaises malgré l'exode. Cette population étant très croyante, les pratiques religieuses tenaient une place très importante dans la vie de ces familles. Les fêtes de Noël, de Pâques et les mariages étaient par exemple des moments sacrés où rayonnaient leurs traditions.

Par ailleurs, la cuisine polonaise étant différente de la française, l'ouverture de commerces proposant des spécialités polonaises était inévitable. C'est ainsi que naîtront un peu partout dans la commune des épiceries et des boucheries qui permettront la réalisation de ces plats typiques.

Enfin, notons la présence à Potigny d'un orchestre polonais qui animait des bals et des mariages. Cela montre bien l'attachement de la communauté polonaise de Potigny à sa culture et à son folklore.

Tout cela nous permet de confirmer que l'histoire de Potigny est fortement liée à la Pologne et cela renforce également ce nom de « Petite Varsovie » souvent donné à la commune. L'autre symbole qui nous rapproche de la Pologne, c'est la libération de Potigny à la fin de la Seconde Guerre mondiale par la Première Division Blindée polonaise, commandée par le Général Maczek, le 15 août 1944. Ce fait historique accentue davantage les liens qui unissent notre ville à ce pays.

Après cette guerre, quelques centaines de Polonais venus travailler à la mine ont été tentés de repartir vers leur pays d'origine où le travail ne manque plus. En effet, environ 500 mineurs polonais partiront de Potigny entre 1945 et 1955.

kubiack2Jusqu'à la fermeture de la mine en 1989 et quelques années après encore, la culture et les traditions polonaises ont perduré dans la commune. Quelques années plus tard, le jumelage de Potigny avec la ville polonaise de Jutrosin, la soirée « Kubiak » (photo ci-contre) et les messes encore célébrées à la chapelle polonaise (ci-dessus) sont quelques symboles de cette identité qui aura marqué pour très longtemps l'histoire de Potigny.

Après la fermeture de la mine, Potigny a entamé sa reconversion. L'enjeu était de taille et les difficultés nombreuses. Il fallait en effet à la fois stopper l'érosion démographique, écrire une nouvelle page de l'histoire de la ville et valoriser ce fabuleux patrimoine minier.

Trente ans après cette fermeture, la commune a su surmonter cette douloureuse page de son histoire et a pu se développer tout en conservant son identité minière.

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Publications et ouvrages 

Livre-publications-ouvrages

  • POTIGNY AU SIECLE DES MINEURS, Benjamin PEREZ, Cahier du temps, Cabourg, 2010
  • Les MINEURS de SOUMONT-POTIGNY 1907-1989, Gérard FOURNIER, OREP, Cully, 2009
  • Normands de tous pays, Marc POTTIER, Cahier du temps, Cabourg, 1999
  • Potigny, terrre d'immigration, Elèves du collège Pierre et Marie Curie de Potigny et du lycée Louis Liard de Falaise, Le livre de l'année, Boulogne-Billancourt, 1999

 

 

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