Eglise de Potigny
EGLISE DE POTIGNY
La date de sa construction
C'est souvent la première chose que l'on veut savoir quand on visite une église. Celle de Potigny date tout entière du 13ème siècle (nef, chœur, clocher), sauf le porche, la sacristie, et les vitraux, époque où l'art gothique était déjà très avancé dans les grandes villes où l'on construisait des cathédrales. A Potigny, c'est encore le tout début du style ogival. L'étroitesse des fenêtres, l'arc triomphal sont encore sous l'influence de l'art roman. La décoration des fenêtres annonce le style ogival.
L'extérieur de l'Eglise
Elle est orientée à l'Est (vers Jérusalem), comme la plupart des églises anciennes. On y entre par un porche difficile à dater, mais beaucoup plus récent (peut-être 19ème siècle ?). Le portail comprend des colonnes assez abîmées (de chaque côté de la porte), qui datent de la construction de l'église, et qui mélangent l'art roman et l'art gothique.
Les fenêtres du coté Nord (le long de l'ancien cimetière) sont toutes assez bien conservées. Colonnettes aux chapiteaux ornés de feuilles, avec des modillons taillés en biseau, sous la corniche. Au contraire, les fenêtres côté sud (presbytère) ont toutes été abîmées par le temps, et leur restauration n'a pas été poursuivie (sauf pour une). Côté Nord, on voit les restes d'une porte renaissance, surmontée d'un masque. Côté sud, en plus de la porte du chœur, il y a une ancienne porte, très petite, à la hauteur de l'autel. Sur ce même côté de l'église, on remarque les vestiges d'un cadran solaire.
Le clocher comprend, à sa partie supérieure, deux fenêtres subdivisées en deux baies, au centre, trois arcatures, et une seule fenêtre à la partie inférieure.
L'intérieur de l'église
L'église comprend trois parties : le sanctuaire, très petit, où se trouve l'autel en pierre, le chœur avec deux rangées de bancs disposés face à face, et la nef où se trouvent les chaises. Le sanctuaire est séparé du chœur par deux marches, et le chœur de la nef par l'arc triomphal.
- Le sanctuaire :
Le mot sanctuaire vient de l'adjectif « saint ». C'est l'endroit où se trouve l'autel, et où le prête offre le sacrifice. L'autel de Potigny est tout récent. L'inscription en latin qui est gravée tout autour l'indique : « Le 6 avril 1924, Thomas Paul Henri Lemonnier, évêque de Bayeux et Lisieux, a consacré cet autel en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie, et y a enfermé des reliques des saints martyrs Abundius et Théodore, le curé de la paroisse étant Alfred Renouf. »
Au dessus de l'autel, se trouve une verrière qui date de 1879, mais qui fut très endommagée par la dernière guerre. Cette verrière, en quinze parties présente les quinze « mystères » du Rosaire : l'église est en effet consacrée à Notre Dame du Rosaire. Cette dévotion consiste à réciter des « Je vous salue, Marie » en méditant quinze événements de la vie de Marie. A droite de l'autel, le vitrail (plus ancien que la verrière) montre la Vierge Marie donnant à Saint Bernard le scapulaire du Rosaire. Bernard, un des grands saints de l'Eglise catholique, vivait en effet environ un siècle avant la construction de l'église de Potigny, et c'est lui qui fut, dans toute l'Europe, à l'origine de la dévotion du Rosaire.De chaque côté de l'autel, il y a des petites niches dans le mur, où l'on plaçait les objets liturgiques pour la messe.
- Le chœur :
Cinq autres fenêtres ont perdu leurs vitraux. Elles sont entourées au sommet d'archivoltes à zigzags portées sur une colonnette.
La porte du chœur est très abîmée à l'extérieur. Elle est aussi du 13ème siècle. A l'intérieur, elle est bien conservée, ainsi que celle de la sacristie. La porte de la sacristie donnait directement dehors : car la sacristie est toute récente (19ème siècle).
L'arc triomphal, qui présente une ogive garnie de zigzags à l'intérieur du chœur, est encore très proche de l'art roman.
- La nef :
Ce vieux mot français signifie « navire ». Tout un symbole pour l'Eglise... Les fonts baptismaux semblent anciens, mais difficiles à dater.
Quatre fenêtres au nord, cinq au sud, étroites mais un peu moins que dans l'art roman. On commence timidement à laisser la lumière entrer dans les églises. Les vitraux de la nef sont intéressants à cause du choix des saints représentés.
Côté presbytère, en haut de la nef : saint Joseph. Puis, face à face, deux grands théologiens, docteurs de l'Eglise : Thomas d'Aquin et Cyrille d'Alexandrie. Ensuite, saint Bernard de Clairvaux et saint Jean Eudes de Caen. Enfin, près de la porte, Bernadette de Lourdes, et Denis de la Nativité, de Honfleur.
A part le vitrail de St Joseph, les vitraux de la nef sont récents : peut-être de la même époque que l'autel en pierre.
La voûte de la nef comporte des arceaux datant de la construction de l'église, mais qui avaient été cachés par des lambris en bois et des poutres. A la fin du 19ème siècle, on a enlevé ces lambris et poutres et refait les voûtes en plâtre. On donnait ce travail réalisé à l'église de Potigny en exemple aux architectes du Calvados !
(Source de la documentation, et illustrations :
"Statistique monumentale du Calvados »,
de Arcisse de Caumont – éditée vers 1860)